« Tacots », journée-rando à Jaligny / Besbre, dim. 29 janv. 2023 (60 photos)

plateforme tacot

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Le terme TACOT était l’appellation familière de divers trains d’intérêt local et à voie étroite du début du XXe siècle (Wikipédia). Il y en eut dans tout la France. Leur installation commença dès le début du XIXe siècle, souvent motivée par l’exploitation de mines de charbon ou de fer dont l’extraction devait être transportée facilement au loin.

Le Bourbonnais, avec les mines de Bert, de Noyant d’Allier, de Commentry, vit se mettre en place ces lignes qui complétaient en réseau local les lignes de chemins de fer d’intérêt régional ou national. Les tacots créèrent des liaisons transversales, avec leurs propres gares, souvent (un peu trop) à distance des localités desservies et son propre rythme de trafic.
L’accueil de voyageurs, mélangeant les wagons de fret et les wagons de passagers obligeait à de fréquents remodelages des rames, avec beaucoup de temps perdu. Les lignes, souvent peu rentables, subsistaient grâce au financement des collectivités locales et résistèrent peu de temps à l’essor du trafic automobile.
Elles ont fermé l’une après l’autre et il n’en subsiste que les plateformes qui portaient les voies et les bâtiments d’exploitation, gares et hangars, généralement devenus habitations privées.

C’est sur les traces de cette époque révolue -dont un œil curieux et perspicace peut trouver et apprécier les vestiges- que nous circulerons aujourd’hui, dans la recherche nostalgique de ce que fut l’ère du train local dans le Bourbonnais.
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Carte extraite de l’excellent ouvrage de Pierre LAEDERICH : « Les tacots du Bourbonnais » (photo de la couverture en fin d’article), disponible en consultation et prêt à la médiathèque de Vichy et dont sont extraites les vues anciennes de locomotives et gares émaillant cet article.
Sur la carte, en trait noir épais, les lignes du réseau ferroviaire principal d’alors*, d’intérêt national, et en trait fin noir surligné (par mes soins) en rouge le réseau des voies secondaires, d’intérêt local, qui eut toutefois un intérêt économique notable pendant presque un siècle.
* : la ligne Paris-Clermont passait par Gannat et non par Vichy et il y avait une desserte Moulins-Digoin. ! ! !
Partant de la mairie de Jaligny, nous passons d’abord devant la halle où a lieu chaque année la fameuse Foire aux dindes et qui est actuellement en pleine rénovation.
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Et puis, nous passons dans le vieux Jaligny, notamment près de l’église.
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Le château jouxte le village… ou l’inverse. Car souvent l’implantation d’un château provoquait l’installation d’un village à son pied. Ou bien les deux recherchèrent là les avantages que procurait un bon emplacement au carrefour de routes ou tout autre point stratégique.
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C’est un très bel édifice qui date du XVe siècle.
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A la base des tours, des meurtrières permettaient d’en défendre le périmètre.
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Bon, voilà, c’est parti ! Avec motivation.
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Très vite, nous atteignons la plateforme d’un ancien tacot : ligne Dompierre – Jaligny. Ce beau passage en pente douce et régulière n’a pas été perdu (comme ce fut le cas pour le Cusset – Lavoine, hélas).
Mais comment imaginer sérieusement que passaient là tous les jours, voilà un siècle, des trains à vapeur !?
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Oui, de vrais trains, avec locomotive et wagons…
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Des locomotives de 10 ou 15 tonnes, comme cette jolie petite « Saint-Priest » de la Société générale des chemins de fer Économiques…
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Mais, revenons un instant dans le présent : lors d’un détour, nous remarquons cet ensemble un peu… gothique ? !
    Alors… envie d’un week-end original, alliant charmes de la ruralité et audaces du confort (post-)moderne ? Mmmm… ?
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Et maintenant, revenons à notre « voie du tacot » : aujourd’hui, juste un passage tranquille enherbé, en pleine campagne…
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Mais des voies avaient été réalisées, avec de faibles pentes et donc des tranchées et des remblais, pour s’affranchir des fantaisies du relief local. Ici une longue tranchée de 5 m de profond, avec de petits murs de soutènement au pied des talus afin de les stabiliser : de la belle ouvrage ! Le tout si bien conservé que l’on pourrait demain y remettre des traverses et des rails et reprendre l’exploitation…
Mais là, aujourd’hui, la surface est plutôt couverte de terre grasse humide et très glissante et nous cherchons où poser les pieds : les bord sont les moins périlleux…
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Panneau d’information sur la commune de Sorbier, que traverse notre parcours…
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Les murs ont été entretenus -et par endroits réparés par un chantier de jeunesse, en 2016- et sont toujours bien en place.
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Et des murs avec de l’ombre fraiche, comme des parois rocheuses, cela plait à la scolopendre
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Les ouvrages d’art, tels que les ponts, sont toujours bien en place. Comme celui-ci, construit en calcaire à phryganes avec angles en pierre noire de Volvic. Nous en profitons pour effectuer un changement de direction et quitter temporairement l’axe de la voie grâce à un escalier construit par les chantiers de jeunesse.
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Là, non, c’est plat mais ce n’était pas une voie.
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Nous sommes revenus sur l’ancienne voie Dompierre – Lapalisse. Ici le pont franchissant le Graveron, rivière affluente de la Besbre.
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Nous sommes maintenant sur la plateforme de l’ancienne voie Bert – Dompierre, la première qui fut installée dans l’Allier, en 1830, et nous progressons vers le Sud-Est, donc en direction de Bert…
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…et refranchissons le Graveron.
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Nous avons quitté la voie du tacot et trouvé un hangar pour nous abriter du vent frais le temps de déjeuner.
Or, là repose une jolie collection de charrettes : un moyen de déplacement peu sophistiqué mais indispensable voilà un siècle encore !

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Élégante carriole pour passagers.
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Un tombereau, à benne basculante pour faciliter le déchargement.
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Une articulation, assez rudimentaire mais efficace, pour relier par le timon l’attelage et le chariot.
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Plus loin, quelques maisons au milieu de nulle part… et une pompe à eau, près d’une ancienne ferme isolée et qui n’a sans doute jamais connue « l’eau courante » qui nous parait aujourd’hui tellement banale.
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Temps nuageux doux, avec éclaircies.
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Après le casse-croûte par temps froid ou frais, marcher d’un bon pas permet de se réchauffer…
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Nous arrivons en vue de Chavroches, qui est au Sud de Jaligny et que nous atteindrons au prix d’un détour pour passer d’abord par une voie de tacot..
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Aspect caractéristique de bâtiments de ferme, avec les portes et volets peints -de façon traditionnelle- à l’ocre rouge et délimitant une cour où s’ébat la volaille : c’est la basse-cour.
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Nous sommes revenus sur l’ancienne voie de tacot Lapalisse – Dompierre. Elle longe ici la ligne de petites côtes qui délimitent à l’Est la vallée de la Besbre. Dans ce maigre relief furent implantés des fours à chaux, dont une partie des installation sont encore visibles. Moment studieux devant le panneau d’information.
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Une partie du panneau d’information.
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Suivant la voie, nous approchons de Chavroches.
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La prêle, qui a poussé dru sur les talus bordant la voie, a séché et s’est couchée. Avec le printemps, une nouvelle génération sortira ses bourgeons, lancera ses tiges vers la lumière et couvrira l’espace de ses longues « queues de renard » vertes.
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Nous arrivons à Chavroches, petit village de quelques 200 habitants, dominé par son château ancien (XIIe siècle).
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Petite photo de groupe à l’endroit exact où passait le tacot : le talus enherbé, derrière, a été élevé là après la destruction de la voie ferrée…
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Et en montant sur la route que porte ce talus, on peut entrevoir l’entrée d’un petit tunnel dans lequel passait le train.
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Aujourd’hui village assez paisible et sans aucun commerce sinon un restaurant, Chavroches fut autrefois plus animé, avec des commerces.
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Enseigne encore visible, d’un bar dans la rue principale.
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Il y eut même cet élégant petit hôtel pour accueillir les voyageurs, aujourd’hui habitation privée.
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L’ancien moulin.
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Les dames sont prêtes pour un petit tour en tacot. Ne maque plus que le chauffeur. ;-))
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La Maison Tessier.
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Sur son promontoire en calcaire, le château domine le village et la vallée de la Besbre.
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Au pied du château, quelques petites grottes servirent d’habitat troglodyte.
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Sur la hauteur, près du château, l’église avec son clocher en peigne à quatre baies.
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Elle date du XIIe siècle et a subit de nombreux remaniements.
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L’entrée du château : ou tu étais mal vu et l’on te décochait un fatal carreau d’arbalète (fin de partie), ou tu pouvais entrer, avec ton cheval, ou ton âne ou ton baluchon, suivant ton destin social. 😉
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Partout autour du village, des prairies et des cultures.
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Suivant le tracé de la voie, nous passons près de l’ancienne gare de Jaligny, à mi-chemin entre Chavroches et Jaligny. Ici la plateforme a été cédée avec la maison et n’est pas accessible.
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La gare de Jaligny, au temps de l’exploitation.
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Plus loin, le passage de la voie n’est plus que taillis infranchissable, que nous longeons en bordure de champ.
Pour nous, ce sera la fin du circuit : nous sommes là revenus tout proche de Jaligny : encore un km et c’est l’arrivée.
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Le livre de Pierre LAEDERICH, un passionnant ouvrage pour découvrir les divers aspects -techniques, économiques et politiques- de la « ferroviairisation » de la région et méditer sur les avantages et contraintes des matériels alors mis en place.
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Les trains passant à Trézelles, près de Jaligny, allaient au Donjon, puis à Digoin, façon de se relier à la vallée de la Loire.
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La gare de Trézelles, avec pas moins de 3 trains simultanément à l’arrêt ! Faste époque.
Une telle animation devait être presque enivrante pour les personnels en charge !?
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